« Je ne crée pas pour plaire. Je crée pour respirer. Pour me reconstruire, un vêtement à la fois. »

Tu sais, cette histoire, elle ne vient pas de nulle part. Je l’ai écrite avec mes tripes, pas seulement avec de jolis mots.

J’ai travaillé 32 ans dans la même entreprise. Et durant toutes ces années, j’ai eu la chance de découvrir plusieurs services, d’explorer différents métiers, d’apprendre aux côtés de collègues bienveillants. Dans l’ensemble, tout s’est toujours bien passé.

Il y a eu une exception : le poste de cadre. Un rôle que j’ai endossé, sans doute par logique d’évolution, mais qui ne me correspondait pas. Ce n’était pas ma place. Et je l’ai senti. Je ne m’y suis jamais épanouie.

Et puis, animée par la curiosité, l’envie d’apprendre encore, je suis allée vers un nouveau service. C’est là que tout a commencé. Pas la découverte. Pas l’épanouissement. Mais le harcèlement moral.

Subtil au début. Puis quotidien. Déstabilisation, isolement, remarques déplacées, silences froids, manipulations douces mais corrosives. Ce genre d’atmosphère où l’on doute de tout, même de soi. Jusqu’à m’en rendre malade.

Deux alertes de santé sérieuses m’ont profondément ébranlée. Elles m’ont fait peur. Elles m’ont ouvert les yeux. Elles m’ont fait comprendre qu’il était urgent que je change d’horizon.
Je suis restée debout longtemps. Trop longtemps. J’ai tout tenté. Le dialogue, le professionnalisme, l’adaptation. Et puis j’ai compris : il fallait partir pour ne pas sombrer.
Alors j’ai quitté cette entreprise.

Et j’ai repensé à ce qui m’avait toujours accompagnée, sans jamais faillir : ma passion pour Marithé + François Girbaud. J’ai eu la chance de m’habiller pendant des années avec ce style à part, décalé, visionnaire. Un style qui me ressemblait profondément, qui me donnait la sensation d’exister pleinement dans mes choix, dans mes lignes, dans mes textures.

C’était déjà une forme de manifeste silencieux. Et dans ce vide vertigineux, j’ai retrouvé un fil. Le mien. Celui qui m’a ramenée à mes premières amours : les vêtements qui parlent, les silhouettes qui racontent, les matières qui réparent.

C’est là qu’est né MarieLaFleur. Pas comme un plan B. Mais comme un cri textile. Comme une manière de transformer la douleur en beauté, le repli en création, l’effacement en manifeste.

C’est un équilibre qui se restaure. Et moi, je continue. Avec mes mots. Mes tissus. Mon regard libre.

Alors oui, ce manifeste, c’est plus qu’un projet créatif. C’est mon armure douce, ma revanche élégante, ma manière à moi de dire : je suis là. Je suis moi. Et je suis debout.